Un budget étudiant, c’est un plan savamment échafaudé, une mécanique parfaitement huilée. Sur le papier.
Dans la vraie vie, c’est un château de cartes monté sur une table bancale, dans une pièce où souffle un vent de tentations.
Tout commence par une promesse. Ce mois-ci, je vais être raisonnable. J’aligne des chiffres, je trace des colonnes, je fais des prévisions. Loyer, courses, transports, forfait mobile. J’ai tout anticipé. Tout, sauf l’évidence : je suis un être humain dans un monde où l’irrationnel coûte cher.
Un café à emporter parce que la matinée est rude. Un Uber parce que la nuit est tombée. Une bouteille de vin « juste pour une soirée » qui devient une tradition hebdomadaire. Chaque dépense est une exception, chaque exception une habitude.
Les courses ? Un champ de mines. Entrer dans un supermarché avec un budget, c’est comme entrer dans un casino en pensant qu’on va juste regarder. Je suis venue pour du riz et des tomates. Je repars avec un fromage hors de prix, une sauce exotique et un lot de yaourts que je découvrirai à la date de péremption.
Puis il y a l’onde de choc des imprévus. L’ordinateur qui rend l’âme la veille d’un rendu crucial. La carte de transport qui expire dans un timing aussi parfait que cruel. L’invitation à un resto où même l’eau plate coûte le prix d’un repas entier chez moi. À ce stade, ce n’est plus de la gestion financière, c’est de la survie en milieu hostile.
On repousse. On jongle. On calcule mentalement dans la file d’attente du Monoprix, on décline les dîners en ville avec un sourire vague, on prie pour que la CB passe sans l’affichage humiliant du paiement refusé . On se promet que le mois prochain, on fera mieux. Et le cycle recommence.
Un budget étudiant qui tient la route ? Une légende, un mythe, une utopie. Mais on continue d’y croire, parce que c’est bien la seule chose encore gratuite.
Lire aussi : Gérer son budget quand on est étudiant