Il y a ceux qui parlent. Et puis il y a ceux qui font. 

Ceux qui plantent leurs paroles comme des drapeaux, à chaque coin de conversation. Qui promettent, qui jurent, qui théorisent sur tout, qui te font des plans sur dix ans alors qu’ils ne tiennent pas un lundi. De grands stratèges de la vie, toujours prompts à dire ce qu’il faudrait faire, ce qu’ils vont faire, ce qu’ils auraient dû faire. Les rois de la conditionnelle, les princes de l’intention. 

Et puis, dans le silence feutré du réel, il y a ceux qui agissent. Ceux qui n’ont pas le temps de t’expliquer ce qu’ils feront : ils le font. Qui n’ont pas besoin de se justifier, ni de promettre : leur constance parle à leur place. Pas de flonflons, pas de mise en scène. Juste des actes. Des gestes. Des preuves. 

Entre dire “je suis là pour toi” et être là, tu sens la nuance ? L’un tient dans trois mots. L’autre dans trois heures passées au pied de ton lit un soir de tempête. L’un coûte un souffle. L’autre demande du temps, de l’engagement, parfois du courage. 

La parole est belle. Elle peut panser, soulever, inspirer. Mais quand elle ne s’incarne pas, elle devient une fumée tiède qui n’éclaire rien. Un bruit dans la bouche. Un feu d’artifice sans feu. 

Regarde les actes. Toujours. Parce que les mots savent mentir. Ils ont appris très tôt, les mots. À séduire, à flatter, à s’enrouler comme des rubans autour des vérités qu’ils dissimulent. 

On t’a déjà dit “je vais changer” ? Bien sûr que oui. Tout le monde dit ça, entre deux verres ou deux fautes. Mais as-tu vu le changement, en vrai, un mardi matin, quand personne ne regarde ? Parce que c’est là que les choses comptent : dans les petits gestes invisibles. Pas sur Instagram. Pas dans les “belles résolutions”. Dans l’usure du quotidien, dans la répétition, dans l’effort discret. 

Alors la prochaine fois qu’on te parle beaucoup, écoute poliment. Puis détourne les yeux et observe. Ne tends pas l’oreille, tends l’œil. Parce que l’amour, l’amitié, l’ambition, la loyauté, la sincérité, toutes ces grandes idées, ne vivent pas dans les phrases.  Elles vivent dans les actions. 

Parler, c’est facile. C’est gratuit. C’est confortable. 
Agir, c’est rare. C’est risqué. C’est précieux. 

Et dans ce monde où tout le monde parle, les actes sont devenus une langue étrangère. Apprends à la parler. Et surtout, à l’entendre. 

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