Prépa littéraire, DEUG en philosophie, master en double diplôme en affaires et commerce international à Sciences Po Aix, lauréate du Prix Frédéric Chevalier… La liste est longue. Et pourtant, du haut de ses 23 ans, Marie-Laurence Heimburger est une étudiante et entrepreneuse dont le parcours s’avère d’ors et déjà prometteur. Interview.

Il y a des personnes inspirantes qui nous donnent l’envie de réussir. D’aller au-delà de nos capacités. D’arrêter de se mettre des barrières. Croire en nous. Foncer. Si eux ont réussi, pourquoi pas nous ? Marie-Laurence Heimburger, étudiante et entrepreneuse, est la preuve que lorsqu’on veut, on peut. 

Agée de 23 ans seulement, originaire d’Ajaccio en Corse, Marie-Laurence Heimburger s’est frayée un chemin tout droit vers la réussite. Un chemin parsemé d’expériences professionnelles enrichissantes, de voyages, de concours…

Peux-tu nous parler de ton parcours scolaire jusqu’à aujourd’hui ?

J’ai effectué une préparation littéraire au lycée Masséna ainsi qu’un DEUG en philosophie avant d’intégrer Sciences Po Aix et de réaliser mon master en double diplôme en affaires et commerce international avec SKEMA. J’ai également suivi des cours à Dauphine Londres en Digital and Innovation Track, et je me suis formée à l’UX-UI et au Product Management avec l’école le Wagon. 

Dans le cadre de mes stages, j’ai pu intégrer à Oxford le réseau des instituts français de recherche à l’étranger du Ministère des Affaires étrangères. A Dubaï, j’ai travaillé sur la communication stratégique et la médiation culturelle de l’Alliance française. A Bruxelles, j’ai été assistante d’un parlementaire européen au sein du groupe des Verts-ALE. 

Tu as aussi beaucoup d’expériences professionnelles…

Au Brésil, j’ai été manager du secteur des Relations Internationales à la Skema Consultoria Júnior. En France, j’ai travaillé sous contrat étudiant à Sciences Po Aix dans l’Espace professionnel. J’ai ensuite été consultante dans un cabinet de relations publiques et ai effectué des missions en lobbying, stratégie et création de contenu, recherche de fonds européens, relations presse, et affaires publiques. 

En 2019, j’ai créé mon projet d’entreprise, et j’ai gagné plusieurs prix et accompagnements me permettant de le développer.

D’autres aventures ont marqué mon parcours comme une préparation militaire marine, un brevet de secourisme en mer, un BAFA, ou plusieurs engagements au sein d’associations. Je suis passionnée de musique, et ai réalisé un premier cycle au conservatoire avant de continuer d’apprendre en autodidacte la guitare, le piano, le chant et la composition. 

Quels sont tes projets professionnels ?

Les problématiques axées sur la durabilité m’intéressent : je trouve stimulant de contribuer à la construction d’un avenir plus durable et équitable, en créant des entreprises, ou en travaillant dans des industries vertes qui choisissent des modes de vie durables. Je suis également très intéressée par la politique pour l’impact potentiel qu’elle peut avoir sur la vie des personnes et le développement de la société dans des domaines clefs tels que les questions sociales, la justice, l’emploi ou la santé. 

Tu as participé au programme « 36h chrono de la création d’entreprises » où tu as créé EcoSave. En quoi consiste ce projet ?

Lorsque j’ai participé au concours, je revenais d’un été passé à voyager en backpack en Asie. Au Viêt Nam notamment, j’avais dû boire des litres d’eau trouble, parce que là-bas c’est normal. En France, nous avions de l’eau potable jusqu’à nos toilettes. Ce voyage m’a sensibilisée à la raréfaction de l’eau et au stress hydrique. Ressource vitale pour la vie humaine et pour l’environnement, l’eau est pourtant limitée et en danger dans de nombreuses régions du monde. La thématique donnée des 36H chrono était « seconde vie »: le lien est paru évident. J’ai travaillé avec deux ingénieurs des Mines, puis avec une ingénieure des Arts et Métiers sur un prototype qui recycle l’eau de douche en temps réel, afin de réaliser une économie drastique en litres.

Avec mon associée Laura, nous avons été accompagnées par le Technopôle de l’Arbois. Nous nous sommes ensuite lancées dans la période de Recherche et Développement (R&D), nous emmenant même jusqu’à Dubaï. La complexité de la conception de solutions innovantes et de ses coûts élevés, des obstacles juridiques ainsi que réglementaires, et des défis de recrutement était devenue inconciliable avec nos études. Nous avons pris la décision de terminer notre master avant de nous relancer dans l’aventure. 

Tu as d’ailleurs remporté le 2nd prix avec une dotation de 900€. Comment as-tu vécu cette première victoire ?

Cette première victoire m’est littéralement « tombée » dessus. Je ne me sentais en rien légitime dans le monde de l’entrepreneuriat. Moi, vraiment ? J’ai, gravé en mémoire, le regard de mes coéquipiers lorsque notre projet venait d’être appelé pour être récompensé. Je devais improviser un pitch, des remerciements. Jetée dans le grand bain… j’ai adoré ! Au-delà de l’euphorie d’être sur le podium, ce prix venait briser le plafond de verre. Si je l’ai fait, tout le monde peut le faire. Il suffit de se munir de persévérance, de volonté, et surtout… de se lancer ! 

Ensuite, tu as été lauréate du Prix Frédéric Chevalier et tu as pu signer un contrat avec HighCo pour obtenir un financement de 11 000 euros. 

L’accompagnement par les professionnels du Groupe HighCo et le soutien financier à hauteur de 11 000€ allaient me permettre d’engager des démarches concrètes. Un mois plus tard je déposais le nom, la marque de mon projet, ainsi qu’une enveloppe Soleau (au même titre qu’un brevet, elle concerne la propriété intellectuelle et vise à protéger l’idée). J’avais 22 ans et je visitais les bureaux dans lesquels mon entreprise devait installer son siège social, je recevais des CV de stagiaires insistant sur leur détermination pour rejoindre le projet… 

Tu es à la fois étudiante et entrepreneuse, comment arrives-tu à gérer les deux ? 

Je suis passée par la lecture de « classiques » sur la productivité, avec des méthodes, comme celle de Pareto (dite règle des 80/20) pour m’aider à trouver une organisation qui me convienne. Pour une organisation optimale, je dirais qu’il faut :

  • Planifier son temps en scindant le travail que nous devons faire pour notre projet et celui de nos études ;
  • Être flexible pour faire face à la beauté des imprévus et des changements de direction ; 
  • Prendre soin de soi. En identifiant ce qui nous apporte de l’énergie et de la joie, nous pouvons mieux gérer notre temps et notre stress, ce qui améliore notre productivité et notre qualité de vie. Personnellement, je sais que voyager me donner une énorme bouffée d’air. Il peut donc m’arriver de travailler une semaine entière pour pouvoir me permettre de voyager la semaine suivante. Cela peut aussi passer par la pratique de la méditation, du sport, de la musique, de la lecture… ou pourquoi pas encore de la fête ! 

Une journée type dans ta peau, ça ressemble à quoi ?

Les journées type m’ennuient assez… J’aime plutôt planifier ma journée en fonction des tâches à accomplir, des imprévus qui peuvent surgir et de mes propres rythmes et envies qui varient d’un jour à l’autre. C’est ce que j’aime en entrepreneuriat ou en conseil : chaque journée est différente, avec ses propres défis, opportunités, et rencontres. C’est ce qui rend pour moi le travail stimulant et enrichissant.

Tu as un parcours très inspirant. Quels conseils donnerais-tu à un étudiant qui veut se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Je conseillerais à un étudiant qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat d’identifier ses croyances limitantes et barrières mentales qui pourraient lui faire croire que l’entrepreneuriat est inaccessible. De nombreux accompagnements sont là pour nous aider, et les échecs font aussi partie du processus de réussite. Ne pas oublier, enfin, qu’il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles. (Oscar Wilde)

Lire aussi :  Loan Nalepka lance une plateforme dédiée aux étudiants Steevey

Les programmes pour l’entrepreneuriat expliqué par Marie-Laurence Heimburger

Entrepreneur 1 jour : il est proposé par l’Université d’Aix-Marseille. Il permet d’accéder à un catalogue d’entreprises de tous horizons. Il est possible ensuite de les contacter pour passer une journée dans leur structure. C’est l’idée d’un mini-stage condensé : acquisition de compétences et d’expérience pratique, exploration de carrière, possibilité de réseauter, amélioration de CV. L’expérience n’est vraiment pas engageante puisqu’elle ne demande qu’une journée.

36 heures chrono permettent de tester une idée, lui offrir de la visibilité, obtenir un accompagnement humain et financier, et développer ses compétences. En 36 heures … sans dormir ! L’expérience est improbable. Elle se déroule à l’Hotel de Région, avec une équipe déjà constituée ou aléatoire, pour monter un projet d’entreprise, puis le présenter à un public et jury d’experts.

Les Entrep : les premières semaines de l’aventure sont consacrées à des « speed-dating » entre porteur.se.s de projet et porteur.se.s de compétences. Une sorte de Tinder entrepreneurial. C’est l’expérience la plus engageante mais la plus complète à mon sens, puisqu’elle permet d’obtenir un éventail de connaissances via les cours délivrés par des professionnels et des workshops en équipe organisés à intervalles réguliers. Un programme à peu près similaire existe avec PEPITE. 

Je pourrais citer également les concours de l’accélérateur P.Factory, celui « Go Entrepreneurs », celui des Premières (exclusivement dédié aux femmes). Enfin, le Prix Frédéric Chevalier est le prix qui m’a le plus aidée à faire avancer mon projet. 

Si vous voulez vous informer sur les concours/programmes entrepreneuriaux, vous pouvez vous rapprocher des pôles PEPITE, en charge du statut d’étudiant entrepreneur.se.