Il y a plus d’un an, Romane apprend que sa mère est atteinte d’un cancer. Elle décide de lui apporter son aide et son soutien en parallèle de ses études. Aujourd’hui, la jeune étudiante témoigne pour sensibiliser sur le rôle d’aidant.

Romane n’est pas une étudiante comme les autres. Au lieu de sortir les week-ends avec ses amis, la jeune femme rentre auprès de sa mère atteinte d’un cancer du côlon de stade 4. « On pense direct au pire parce qu’on sait que c’est un stade 4. On entend des mots qui font peur », confie-t-elle au micro de Brut. Mais pour elle, il n’y a pas de doute : elle doit aider sa maman du mieux qu’elle peut. « Tout ce que je faisais, pour moi c’était normal, parce que c’est ma maman, c’est la personne que j’aime le plus au monde ».

Alors, en plus de sa vie étudiante, Romane est aussi aidante depuis plus d’un an. Ce terme est utilisé pour désigner les personnes qui accompagnent quotidiennement quelqu’un ayant une maladie ou un handicap. « C’est reconnu juridiquement. Et être aidant, ça prend plein de formes. On peut être aidant d’une personne qui a tout type de pathologie. Ça peut être un handicap physique ou mental ou des maladies comme le cancer par exemple…» explique-t-elle.

« C’est sûr que c’est épuisant »

Etudiante à Paris, aidante à Valence, Romane enchaîne les aller-retours entre les deux villes. « A chaque fois, ça nécessite des allers-retours en train toutes les deux semaines, voire tous les week-ends. C’est sûr que c’est épuisant. Après, c’est moi qui décide de venir la voir. Pour moi, de toute façon, c’est une nécessité ».

Cette situation ne lui a pas empêché d’obtenir son Master, malgré toutes les difficultés rencontrées. « J’ai validé la fin de mon master, mais j’étais toujours moins concentrée dans mes études. Le rôle d’aidante prenait tellement de part, ça occupait toutes mes pensées. C’est sûr que j’étais moins performante qu’avant lorsque j’avais juste à être étudiante finalement », ajoute-t-elle.

700 000 jeunes aidants en France

Si aujourd’hui elle décide de témoigner et raconter son expérience personnelle, c’est surtout pour sensibiliser sur le rôle d’aidant, souvent méconnu. « Moi, je sais que j’aurais adoré tomber sur une vidéo de quelqu’un comme moi qui raconte son parcours parce que ça donne de l’espoir de dire qu’on n’est pas seul, qu’on peut s’en sortir, qu’on va y arriver et qu’on aura des projets, qu’on aura notre vie aussi plus tard ».

L’étudiante est loin d’être la seule aidante en France. D’après Amarantha Bourgeois, directrice de l’association nationale des Jeunes AiDants Ensemble (JADE)« Romane n’est pas du tout un cas isolé. Elle fait partie des 700 000 jeunes aidants en France. Donc, un chiffre peut-être même sous-estimé parce qu’il s’agit vraiment d’une estimation et pas d’une prévalence ». Certains dispositifs d’accompagnement peuvent être mis en place pour les personnes aidantes : « Que ce soit en dehors de la vie d’élève, par des dispositifs de répit, ou que ce soit au sein des établissements scolaires et de l’enseignement supérieur, par un aménagement de l’emploi du temps par exemple, par une bourse d’étudiants par exemple », illustre Amarantha Bourgeois.

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