Il y a une forme de noblesse dans le hochement de tête. 
Ce petit mouvement discret, synchronisé avec les mots du prof, qui dit tout sans rien dire : « Je suis là, je suis concentrée, je maîtrise. » 
Mensonge !!! 

Personne ne maîtrise. 
Pas le prof qui lit ses slides comme s’il les découvrait. 
Pas l’élève modèle qui lève la main avec l’enthousiasme d’une influenceuse sous caféine. 
Pas toi. 
Et sûrement pas moi. 

On fait tous semblant. 
Semblant d’avoir compris cette phrase trop longue et cette équation trop absurde. 
Semblant de suivre le raisonnement qui partait bien, puis a tourné à gauche sans clignotant, pour finir en accident logique. 
Semblant de savoir ce qu’on fait ici, dans cette salle, à cette heure, avec ce regard vide qui dit : je suis au bout de moi-même mais j’ai mis du mascara pour faire illusion. 

Bienvenue à l’université, ce grand théâtre où l’on applaudit les meilleurs acteurs de la compréhension fictive. 
Le TD n’est plus un espace de savoir, c’est un plateau de tournage. 
Et chacune son rôle. 

La silencieuse au fond : posture de mystère, regard intense. Elle capte tout. Enfin… c’est ce qu’on croit. 
Le surligneur fluo : une couleur par info. Rien compris, mais au moins c’est joli. 
Et puis il y a moi, qui hoche la tête au bon moment, qui lâche un “ouais ouais c’est logique” juste assez fort pour que ça rebondisse dans le cerveau de ma voisine. 
Team bluff. 

On bluffe toutes. 
Parce que dire “je ne comprends pas” reste encore un aveu trop intime. Trop vulnérable. 
Alors on mime. On imite. On s’aligne. 
On répète des phrases sans sens, on reformule des idées sans fond, on réécrit l’incompréhensible avec des mots savants. 
On fabrique du vide élégant. 

Mais le pire dans tout ça ? 
C’est qu’à force de faire semblant, on finit parfois par y croire. 
On pense avoir compris, juste parce qu’on a bien joué la scène. 
On pense être brillante, juste parce qu’on parle comme les autres. 

Et si le vrai courage, c’était pas de lever la main pour répondre… 
Mais de lever la main pour dire : 
« Désolée, j’ai pas compris. Quelqu’une peut m’expliquer autrement ? » 

Je ne passerai peut-être pas pour la plus brillante ce jour-là. 
Mais je serai, enfin, honnête. 
Et parfois, ça suffit à éclairer toute une salle. 

Même si personne ne le montre, on est nombreux à être dans le flou. 
La vérité, c’est que comprendre n’est pas un art. 
Mais faire semblant ? 
Ça, oui. C’est une discipline olympique.  

Lire aussi : Chronique d’une meuf (presque) organisée