Tout commence toujours par une vision. Celle d’une femme meilleure, plus organisée, plus productive, plus en forme. Une femme qui boit trois litres d’eau par jour, cuisine des bowls équilibrés et maîtrise l’art du je me lève à 5h du matin pour faire du yoga sans pleurer.
Et puis, la réalité frappe.
Le tapis de yoga, acheté dans un élan d’inspiration après une vidéo TikTok d’une fille souple et sereine, trône fièrement… sous le lit. Il a servi une fois, le jour où je l’ai déroulé avec motivation, avant de me souvenir que j’ai la souplesse d’un parpaing humide et l’endurance d’un chat obèse.
La gourde en inox à 40 euros, censée me transformer en personne hydratée et rayonnante, est restée dans mon sac. Vide. Parce qu’évidemment, il faut penser à la remplir.
Le planner ultra-design, censé révolutionner ma productivité, a tenu deux semaines. J’ai soigneusement rempli la première page, noté trois objectifs ambitieux, puis l’ai abandonné sur mon bureau, où il a doucement glissé vers son destin final: dessous de tasse pour mon café du matin.
L’extracteur de jus, le Saint Graal des gens qui ont leur vie en main. Moi aussi, j’ai cru que j’allais démarrer mes journées avec des shots de gingembre et des smoothies verts. Sauf que personne ne parle du nettoyage. Personne ne te dit qu’il faut passer plus de temps à récurer l’appareil qu’à boire ce foutu jus. Résultat : il est là, sur le plan de travail, couvert d’une fine couche de poussière et de regrets.
Les baskets de running. Ah, celles-là. Elles avaient l’air de promesses. “Avec ces chaussures, je vais courir tous les matins.” Elles ont connu plus de carrelage que de bitume. Elles n’ont jamais touché une piste, mais elles sont parfaites pour aller chercher une pizza un dimanche soir.
Chaque achat a été fait dans un moment de foi absolue. On y a cru, on s’est projetées. On a pensé que cet objet allait marquer un tournant, nous propulser dans une nouvelle version de nous-mêmes, plus efficace, plus saine, plus heureuse.
Mais la vérité, c’est qu’un tapis de yoga ne fait pas de toi une yogi. Une gourde en inox ne t’apprend pas à boire de l’eau. Et un planner ne combattra jamais ta procrastination.
Alors, on continue. On achète encore, avec cet espoir naïf que, cette fois, ce sera différent. Peut-être qu’un jour, ça le sera. Peut-être que le déclic viendra. Ou peut-être que le placard continuera d’accueillir nos illusions, empilées sur celles des années précédentes.
En attendant, si quelqu’un veut un extracteur de jus quasi neuf, je fais un prix.
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