Océane Cochet, une jeune professeur des écoles, a été harcelée quand elle était au collège. À 22 ans, elle nous raconte son histoire, et comment se sortir de cet enfer. Témoignage.
Le harcèlement scolaire est un fléau qui affecte de nombreux élèves à travers le monde. Il se manifeste sous différentes formes, que ce soit la violence physique, les brimades verbales, ou même le cyberharcèlement. Ses conséquences sur la santé mentale et le bien-être des victimes sont graves, allant de l’anxiété à la dépression. La sensibilisation et l’éducation sur le harcèlement scolaire sont essentielles pour prévenir et lutter contre ce problème, tout en créant un environnement scolaire sécuritaire et bienveillant pour tous les élèves.
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Peux-tu nous raconter votre expérience personnelle de harcèlement à l’école ?
J’ai été harcelée durant mon année de 4ème, j’avais 14 ans. Je venais d’arriver dans ce collège. Le groupe des « populaires », qui avaient à peu près le même âge que moi, ont proposé à mon amie et moi de faire partie de leur groupe. Mon amie a accepté, moi j’ai refusé car je ne me reconnaissais pas dans ce groupe. Leur but était d’avoir les pires notes et de faire les pires choses aux professeurs. Ce n’était ni mes valeurs, ni mon tempérament. Le harcèlement a commencé à partir de ce moment-là. Elles étaient environ 4-5 à m’harceler quotidiennement, mais parfois ils pouvaient être un groupe de 25.
Quels ont été les premiers signes que tu as remarqués ou ressentis ?
Ça a commencé par des moqueries sur les réseaux sociaux, notamment sur Ask.fm, en anonyme. Puis, ça a continué en récréation, en classe… Ensuite, j’ai eu quelques coups d’épaules, ou des moqueries dans les vestiaires à plusieurs contre moi…
Comment le harcèlement a-t-il affecté ton bien-être émotionnel et mental ?
Le harcèlement m’affecte encore aujourd’hui. Je suis très sensible aux moqueries, au regard des autres, aux remarques et reproches qu’on peut me faire… Je suis beaucoup plus sensible qu’avant. J’ai du mal à gérer mes émotions. Le harcèlement a vraiment détruit ma vie et me suivra toute ma vie.
Comment as-tu réagi initialement face à la situation ?
J’ai toujours pris le parti de ne pas me rebeller, de laisser faire les choses. Je pense que ça m’a évité des coups et des choses plus graves, ça aurait pu aller bien plus loin sinon.
As-tu cherché de l’aide ou en as-tu parlé à quelqu’un ?
Mes copines étaient témoins, l’une d’elle m’a beaucoup aidé. C’est elle qui m’a poussé à en parler à l’un de mes professeurs qu’elle connaissait personnellement. Ma maman a aussi découvert tout ça quand je me suis effondrée un soir dans ma salle de bain. Elle a contacté les mamans des harceleuses. Elle a pris aussi de nombreux rendez-vous avec mon professeur principal, la direction du collège, le CPE… Elle s’est aussi beaucoup renseignée pour me changer de collège, mais aucun n’a accepté, même le privé. Elle a été un vrai soutien psychologique et émotionnel.
Les membres du personnel étaient au courant mais ne faisaient rien
Comment le harcèlement a-t-il impacté ta scolarité et tes résultats académiques ?
Le harcèlement n’a heureusement pas affecté mes résultats scolaires. Je suis toujours restée une bonne élève, même si les moqueries visaient aussi ces bons résultats. Par contre, ce qui est sûr, c’est que le harcèlement m’a conduit à devenir professeur des écoles pour lutter à ma petite échelle contre ce fléau. J’ai prévenu les parents dès le début de l’année qu’il ne fallait pas hésiter s’ils étaient au courant de quoi que ce soit, autant pour leur enfant que pour les autres élèves. Je parle aussi beaucoup avec mes élèves et prends au sérieux chaque plainte. Le harcèlement est beaucoup plus connu qu’à mon époque, donc c’est plus facile d’en parler.
Comment as-tu fait face au harcèlement au quotidien, en particulier en ce qui concerne les interactions avec tes camarades de classe ?
Je ne répondais pas, je me renfermais et je n’en parlais pas. Beaucoup m’ont dit, beaucoup plus tard, qu’ils ne s’étaient même pas rendu compte de la situation. Seule mes trois plus proches amies se rendaient compte de la situation, et ceux qui subissaient eux-aussi du harcèlement de ce groupe. Donc, j’essayais d’avoir des interactions « normales » avec mes autres camarades pour m’assurer que « tout le monde » n’était pas contre moi.
As-tu rencontré des enseignants, membres du personnel scolaire ou conseillers scolaires pour obtenir de l’aide ?
La seule personne qui m’a vraiment aidée est mon professeur principal. Tous les autres membres du personnel étaient au courant mais ne faisaient rien. Les professeurs étaient même témoins de ce harcèlement mais n’intervenaient pas. Mon professeur a directement monté un dossier contre mes harceleurs. Résultat : la « cheffe de bande » s’est faite exclure du collège définitivement, mon « amie » devenue une de mes harceleuses est partie d’elle-même et la « sous-cheffe » s’est excusée auprès de moi. L’année d’après, je n’ai plus du tout été embêtée. Je n’ai jamais eu d’autres excuses. Sur le moment, ils ne se sont pas rendu compte qu’ils étaient acteurs de mon harcèlement. Mais, même en le sachant des années après, je n’ai jamais eu d’excuses.
As-tu des conseils pour d’autres élèves qui pourraient être confrontés à une situation similaire ?
Il faut absolument en parler, vous n’êtes pas seuls ! Un ami, un prof, vos parents, un membre de votre famille, ou même une association. Vous pouvez appeler aussi directement le 3020 ! On ne veut pas embêter qui que ce soit avec nos histoires, on a honte, mais on ne peut pas s’en sortir seul donc il faut absolument en parler pour pouvoir avancer !
Coucou je m’appelle chloé et je voulais savoir si c’était possible d’avoir les coordonnées de Oceane dans le cadre d’un projet scolaire contre le harcèlement scolaire.
Merci d’avance !
Nous t’envoyons un mail 🙂