Il y a ce moment précis où tu te tiens, fièrement, devant la porte de ton premier appartement.
Un soupçon d’excitation dans l’air, une clé tremblante entre tes doigts.
Bienvenue dans ta nouvelle vie, celle où tu es officiellement adulte.

Enfin… c’est ce que tu crois.

Parce qu’en réalité, il y a quelqu’un qui n’est pas encore prêt à te laisser partir.
Elle s’appelle Maman.

Et elle t’appelle huit fois par jour.
« Tu as bien mangé ? »
« Tu dors assez ? »
« Tu veux que je passe te déposer des courses ? »
« Pourquoi tu ne réponds pas, tu es morte ??? »

Au début, c’est attendrissant.
Puis, ça devient une ligne d’assistance téléphonique à durée indéterminée.
Si tu refuses son aide ? Elle t’ignore et dépose un tupperware devant ta porte comme une mafia bienveillante.

Et soyons honnêtes, les tups de maman, c’est un super pouvoir.
Parce qu’au bout d’une semaine d’indépendance, entre le frigo vide et la flemme de cuisiner, retrouver une portion de lasagnes maison sous ton paillasson te met à deux doigts de pleurer de gratitude.

Mais malgré les appels intempestifs, les conseils non sollicités et les livraisons de nourriture clandestines, il y a un moment où tu réalises que cette fois, c’est toi qui es aux commandes.

Que vivre seul, ce n’est pas juste être libre, c’est aussi apprendre à se gérer sans filet de sécurité. Faire les courses sans finir avec un caddie rempli uniquement de pâtes et de chips. Ne plus compter sur la magie maternelle pour que les vêtements sales réapparaissent propres et pliés.
Savoir se réveiller sans que quelqu’un crie ton prénom à travers la maison.

Et tout ça, dans ton empire : un studio de 15m², où chaque mètre carré a une fonction.
Le canapé-lit ? C’est ton salon la journée, ton lit la nuit et ta table à manger entre les deux.
La cuisine, à portée de bras depuis ton lit, te donne l’impression d’être dans un camping chic.
La salle de bain ? Aussi grande qu’un placard, où tu deviens un expert en contorsionnisme pour te sécher sans te cogner contre le mur.

Mais ce petit cocon devient le QG officiel des soirées entre copines.
Ici, on rit trop fort, on s’entasse sur le lit, on boit du thé en refaisant le monde.
On pleure aussi parfois, parce que grandir, c’est accepter que la vie ne se passe pas toujours comme prévu.
Et même si ton appart est minuscule, il devient l’endroit où tu apprends à exister pour toi-même.

Et puis un jour,
un soir où tu rentres tard, où tu t’affales sur ton lit dans le silence absolu,
tu réalises que oui, tu es seule, mais que non, tu ne te sens plus perdue.
Parce que ce silence, c’est le tien.
Parce que ce studio, aussi petit soit-il, représente bien plus qu’un simple toit.

Et même si le frigo n’est toujours pas capable de se remplir tout seul,
même si tu n’as jamais acheté de sel depuis ton emménagement,
même si tu laisses parfois sonner le téléphone parce que tu sais déjà que c’est maman qui veut savoir si tu as bien mangé…

Tu souris.
Parce que tu sais qu’au fond, tu es vraiment chez toi.

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